Le signe de l’Emmanuel

22 décembre 2019
Isaïe 7, 10-16 et Matthieu 1, 18-24
4^e dimanche de l'Avent (A)

(photo ©Depositphotos, montage : Josée Richard)

Le roi Achaz n’est-il pas admirable dans sa résolution de ne pas vouloir mettre à l’épreuve le Seigneur? Mais la belle déclaration du monarque cache peut-être quelque chose comme un entêtement à ne compter que sur ses propres solutions pour faire face à la crise qui pointe. La situation du Royaume de Juda, sur lequel règne Achaz, est en effet bien difficile en ce dernier tiers du VIII^e siècle avant Jésus-Christ. L’Empire assyrien se fait de plus en plus menaçant et le prophète Isaïe exhorte le roi à la confiance : « Demande pour toi un signe de la part du Seigneur… », lui dit-il. Ce signe, refusé, mais donné malgré tout, sera à lire, à interpréter. Il porte la promesse du salut de Dieu. Achaz, méfiant, ne donnera pas à son fils nouveau-né le nom d’Emmanuel. Le signe de l’Emmanuel restera en attente d’une lecture, d’un accueil.

Bien des siècles plus tard, le nom d’Emmanuel retentira pour Joseph… et, bien plus tard encore, pour nous. Dieu peut-il vraiment être « avec nous » par Jésus? Dieu peut-il être un enfant fragile promis à une mort de paria? La faiblesse et l’impuissance de Dieu affirment la toute-puissance paradoxale d’un amour désarmé. Elles nous font signe, comme une main fait signe pour inviter. À quoi? À oser l’espérance! L’avenir de notre monde apparaît bien aussi sombre que celui du temps d’Isaïe. L’espérance nous permet d’avancer malgré tout, en même temps totalement engagés à bâtir un monde de justice et de paix, et totalement abandonnés à la tendresse de l’Emmanuel.

Anne-Marie Chapleau, bibliste
Professeure à l’Institut de formation théologique et pastorale de Chicoutimi