Le Père est un artiste et un fin recycleur

28 avril 2019
2^e dimanche de Pâques(C)
Psaume 117 (118)

(photo ©Depositphotos)

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. (verset 22)

Quel sentiment fébrile surgit en moi lorsque je parcours les marchés aux puces et les ventes de garage et que j’y découvre un objet négligé et vendu pour une somme dérisoire. Je l’imagine alors revampé et remis en valeur. Et que dire d’un artiste qui trouve un vieux morceau de bois de grange dans un champ abandonné et le transforme en une œuvre d’art admirée des connaisseurs! On dira qu’il a redonné vie à une matière qui ne servait plus.

Dans le livre des Psaumes, il est question d’une pierre qui avait subi le sort de ces objets dévalorisés et qui avait été rejetée par les bâtisseurs (Ps 117 (118), 22). Doit-on comprendre de cette imagerie que les temples construits de matériaux comme le bois, la pierre et le béton peuvent certes être des œuvres architecturales grandioses, mais ne constituent pas spécifiquement une demeure pour Dieu? C’est ce que suggère l’Écriture (Ac 17,24)!

Les titres d’humanité de Jésus n’avaient ainsi rien de bien reluisant aux yeux des leaders politico-religieux du monde. Pourtant, il s’est manifesté en tant que Christ vivant (Ap 1,18) et le Père de l’univers en a fait la pierre d’angle (Ac 4,11; Ep 2,20-22) du Temple nouveau. Celui-ci se composera d’une multitude d’autres pierres (1 P 2,4-7) qui sont le rassemblement des hommes et des femmes qui ont reçu la vie nouvelle (Ac 5,14 et Jn 20,31). Le Père sonde ainsi le cœur des négligés du reste de la foule et en fait des œuvres de son art et le lieu de sa présence. Lorsque je me reconnais comme tel, édifié ainsi sur le fondement qu’est le Christ Jésus, mon cœur chante à la suite du psalmiste et célèbre dans la joie :

Voici le jour que fit le Seigneur, qu'il soit pour nous jour de fête et de joie !  (Ps 117 (118), 24)

Serge Cazelais
Chargé de cours, Faculté de théologie, Université Saint-Paul (Ottawa)