Une posture d’itinérance

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Il y a des situations qui nous poussent dans nos retranchements : on se sent comme si on ne savait pas comment parler, comment agir, ou, tout simplement, comment être. Pour moi, une de ces situations est la rencontre de personnes de la rue, qui demandent une pièce ou qui réclament à manger. Invariablement, mes paroles et mes gestes sont inadéquats. Invariablement, je suis bouleversée. Je suis alors en contact avec la partie vulnérable de mon être, celle qui est inadaptée, sans réponse…

Dans de telles situations, on est d’abord porté à se donner une contenance, à apaiser sa conscience : après tout, on ne peut pas soulager toute la misère du monde !!! Et pourtant, l’Évangile nous invite à emprunter un tout autre chemin...

Je pense à la rencontre de Jésus avec le jeune homme riche :

« Va vendre tout ce que tu possèdes (…) puis viens et suis-moi » (Mt 19, 21).

Cette parole n’est pas seulement à comprendre au premier degré, même dans le contexte que je viens d’évoquer. Elle m’amène encore plus loin : elle est une invitation à laisser mon confort et mes certitudes, ma sécurité et ma bonne conscience, pour suivre le Christ. Quitter une spiritualité balisée d’actions et de réponses pré-fabriquées, pour entrer dans une spiritualité de la disponibilité et de la fragilité, là où se trouve le cœur de tout humain, là où se tient le Christ lui-même. Suivre Jésus, c’est emprunter le chemin du pauvre et adopter une posture d’itinérance. C’est se laisser désinstaller par les personnes qui quémandent un peu d’humanité, pour chercher chaque fois comment vivre la solidarité avec elles. C’est prendre le risque de la rencontre de l’autre non seulement par nécessité ou complaisance, mais par amour, à la manière du Christ : le Royaume de Dieu peut advenir !

Suzanne Desrochers
Office de catéchèse du Québec